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Historique des soins infirmiers à Montréal

Cette section présente un bref résumé de l’histoire des soins infirmiers à Montréal. C’est un survol, bien sûr, mais il nous permet de dégager certaines tendances alimentées par le contexte social et culturel du Québec et de la région de Montréal au cours des ans et des siècles. De la fondation de l’Hôtel-Dieu jusqu’au doctorat en sciences infirmières, l’évolution de notre profession est considérable.

Jeanne Mance, fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal

L'Hôtel-Dieu de Montréal

Reportons-nous en août 1641. De France, Jeanne Mance arrive à Québec en compagnie de Paul de Chomedey de Maisonneuve et de 25 hommes. Le printemps suivant, précisément le 17 mai 1642, les voyageurs atteignent Montréal, au terme d’un long périple.

Jeanne Mance devient alors la première infirmière laïque en Amérique. Sa mission? Fonder un hôpital à Ville-Marie. Deux ans plus tard, le 8 octobre 1644, l’Hôtel-Dieu voit le jour. Tout en bois, l’hôpital se compose d’une cuisine, d’une chambre pour Jeanne Mance, d’une autre pour les serviteurs et de deux pièces pour les malades.

Le 31 mars 1656, les politiciens de l’époque confient la direction de l’institution aux religieuses de Saint-Joseph. La première supérieure se nomme Mère Judith Moreau de Brésoles. En septembre 1659, Jeanne Mance, libérée de la gestion de l’hôpital qu’elle avait fondé, continue, par ailleurs, à s’y impliquer jusqu’à sa mort en 1673. Jeanne Mance remplit donc entièrement sa mission et, en plus, établit les Hospitalières de Saint-Joseph à l’Hôtel-Dieu. (Desjardins, Giroux et Flanagan, 1970)

Depuis sa fondation jusqu’en 1822, c’est le seul hôpital francophone à prodiguer des soins aux malades de Montréal. Installé sur la rue Saint-Paul, près de l’église Notre-Dame, durant plus de cent ans, l’Hôtel-Dieu déménage sur l’avenue des Pins en 1861.

L’école d’infirmières ouvre ses portes aux laïques en 1901 et débute avec trois élèves. Elle en compte 125 en 1942, dont 31 religieuses de différentes communautés. La formation, d’une durée de deux ans jusqu’en 1908 et de trois ans jusqu’à la fermeture de l’école au début des années 1970, comprend deux volets : l’acquisition de connaissances scientifiques à partir de conférences données par des médecins ainsi que de lectures obligatoires et l’apprentissage des techniques infirmières en soignant concrètement les patients sous la supervision des religieuses. (Cohen, 2000). Cette école est une des premières à être reconnues par l’Association des gardes-malades enregistrées de la province de Québec.

L’Hôpital général de Montréal

Pour sa part, l’Hôpital général de Montréal, fondé en 1688, a pour but de soigner les pauvres, les veuves et les orphelins. À cette époque, l’hôpital est connu sous le nom d’Hôpital des frères Charon. En octobre 1747, la veuve Marguerite d’Youville et ses compagnes en prennent possession. Des lettres patentes de la Cour de Versailles confirment Marguerite d’Youville et les religieuses de la Congrégation des Sœurs Grises dans leurs fonctions d’administratrices de l’Hôpital général en 1753.

L’Hôpital général de Montréal devient le premier hôpital au Québec à offrir un cours d’infirmières dès 1890. Les infirmières qui enseignent à cette école viennent de Londres. Les gouverneurs de l’Hôpital embauchent la première directrice, Mlle Maria Machin, et lui donnent le mandat de fonder une école d’infirmières et d’y appliquer les principes de Florence Nightingale. Cette tentative ne réussit pas pour diverses raisons. Les gouverneurs décident alors de retourner ces infirmières en Angleterre et de les remplacer par une main d’œuvre moins coûteuse (cuisiniers, gouvernantes, serviteurs, personnel infirmier et d’entretien ménager). Les médecins protestent et s’objectent au renvoi des infirmières. Ils écrivent aux gouverneurs : « dans le traitement de toutes les maladies, les soins sont de première importance ; ils appuient les décisions du médecin et contribuent à de bons résultats. »

Malgré cela, il a fallu quinze ans avant que Nora Livingston, infirmière diplômée du New York Hospital, arrive à l’Hôpital général de Montréal et impose ses vues. Elle était connue pour son savoir-faire, sa compétence, sa grande distinction et son énergie. Le succès de ses étudiantes dépasse alors la région de Montréal. Plusieurs d’entre elles sont embauchées par d’autres hôpitaux de la province, de ceux de l’Ontario et même des États-Unis. L’œuvre de Florence Nightingale se perpétua ainsi grâce à l’enseignement de Nora Livingston.

L’Hôpital Notre-Dame

Quant à l’Hôpital Notre-Dame, fondée en 1880, c’est la première institution hospitalière francophone au Québec à ne pas être la propriété d’une communauté religieuse. Les Sœurs de la Charité, communément appelées « Sœurs Grises », assument la gestion de l’Hôpital sans en devenir propriétaires.

Entre 1880 et 1900, les postes occupés par les religieuses, sous la direction des médecins, évoluent selon les départements, mais l’éventail de ces postes demeure plutôt restreint : salle des femmes, salle des hommes, pharmacie, chambres privées. Au début du vingtième siècle, des postes se rajoutent dans les dispensaires de chirurgie et à la cuisine des diètes. Le premier poste de directrice des infirmières s’ouvre à ce moment.

L’école des infirmières de l’Hôpital Notre-Dame, fondée par Elodie Mailloux, est la première école francophone pour gardes-malades au Québec. Grâce à cette école, les Sœurs Grises amorcent la professionnalisation des soins.

Les écoles d’enseignement supérieur

La première école d’enseignement supérieur en soins infirmiers à Montréal « the School of Graduate Nurses » de l’Université McGill est fondée en 1920. À ses débuts, l’École offre un cours d’un an en « nursing » avec possibilité d’une option en hygiène publique, d’une en enseignement des soins infirmiers et d’une autre en administration d’une école d’infirmières. Le baccalauréat de base à l’Université McGill est institué en 1957 alors que son programme de maîtrise est offert depuis 1961.

De son côté, la communauté des Sœurs Grises fonde, en 1934, l’Institut Marguerite D’Youville, école supérieure pour infirmières. La première directrice de l’école, mère Virginie Allaire, doit diriger l’École, former les comités nécessaires et demander son affiliation à l’Université de Montréal ainsi que l’autorisation de décerner des baccalauréats de sciences hospitalières et des certificats en diététique. Pour la première année, l’École est annexée à la Faculté de médecine. Un an plus tard, l’Institut Marguerite d’Youville devient école affiliée à l’Université de Montréal.

En 1947, une autre demande est adressée à l’Université pour transformer l’école affiliée en faculté. Finalement, il faudra attendre au 4 décembre 1961. Ce jour, sur recommandation de la Faculté de médecine, la Faculté de Nursing est créée par le Conseil des Gouverneurs. La première doyenne est Mlle Alice Girard.

L’Institut Marguerite d’Youville commence le baccalauréat de base en 1961, déménage dans ses locaux actuels sur le chemin de la Côte Sainte-Catherine en 1963 et reçoit les premières étudiantes à la maîtrise en 1965. Ce programme de maîtrise est le seul de langue française au monde. L’Institut Marguerite d’Youville ainsi que l’École des infirmières hygiénistes sont intégrés en 1967 et forment dorénavant la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.

En 1993, un programme de doctorat, élaboré conjointement par la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et le School of Nursing de l’Université McGill, est approuvé et instauré.

Références :
  • Cohen, Yolande (2000). Profession infirmière : une histoire de soins dans les hôpitaux du Québec. Presse de l’Université de Montréal
  • Desjardins, E., Giroux, S., Flanagan, E.C (1970). Histoire de la profession infirmière au Québec. Les Éditions du Richelieu Ltée, Québec 269 pages.

Au Québec, avant 1905, six hôpitaux offraient un cours d’infirmières aux laïques :

  1. Montreal General Hospital (1890)
  2. Montreal Foundling and Baby Hospital (1895)
  3. Royal Victoria Hospital (1894)
  4. Hôpital Notre-Dame (1898)
  5. Montreal Maternity Hospital (1895)
  6. Hôtel-Dieu de Montréal (1901)

L’OIIQ au Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal

En avril 2010, l'OIIQ et le Musée des Hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Montréal dévoilait un panneau commémoratif relatant l'histoire de l'OIIQ de 1917 à nos jours. Ayant pour thème « De garde-malade à infirmière praticienne spécialisée », on y retrouve les faits marquants de notre profession au travers cinq périodes importantes et vingt et une femmes qui ont occupé la présidence de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec ainsi que des associations qui l'ont précédé.

  • De 1917 à 1940 : L'entre-deux-guerres « La lutte pour la reconnaissance de la profession »
  • De 1940 à 1962 : L'après-guerre « De la vocation à la professionnalisation »
  • De 1962 à 1971 : La révolution tranquille « De l'école d'hôpital aux études supérieures »
  • De 1971 à 1992 : Le code des professions « La protection du public et la reconnaissance du champ d'exercice exclusif de la profession infirmière »
  • Depuis 1992 : Le 21e siècle « Un nouveau champ d'exercice »

Référence : Document fourni par l'OIIQ, mars 2010